Un parcours sonore et urbain à la découverte du patrimoine de Billancourt
Bordé par la Seine, aux portes de Paris et sur la route de Versailles, Boulogne-Billancourt a toujours été un territoire dynamique. Réunissant l’ancien village de Boulogne et le hameau de Billancourt historiquement rattaché au village d’Auteuil, il prend son nom définitif de Boulogne-Billancourt en 1926.
Avant le XIXe siècle, les communes de Boulogne et de Billancourt sont essentiellement recouvertes de terres agricoles. La rue de la Ferme doit d’ailleurs son nom à la ferme monastique de Billancourt implantée dès 1150. La ville devient progressivement un lieu de villégiature avec la construction des maisons secondaires pour la bourgeoisie parisienne. Parmi les vingtaines de villas qui se construisent dans la seconde moitié du XIXe siècle, on compte celle de la famille Renault, située à proximité de l’actuel bâtiment Pierre Dreyfus. Avec l’essor du train à la fin du siècle, les Parisiens se détournent de Boulogne-Billancourt pour installer leurs maisons secondaires en bord de mer ou en Normandie.
De nombreuses industries se sont installées à Boulogne-Billancourt au fil du temps. Les premières blanchisseries s’implantent à partir du XVIIe siècle et s’industrialisent au XIXe siècle. Armand Seguin y installe sa tannerie en 1795, il fera fortune comme principal fournisseur de cuir pour les armées révolutionnaires, puis de l’Empire. D’autres industries arrivent progressivement : parmi elles, les usines de constructions de moteurs d’aviations ou d’automobiles, avec notamment la puissante entreprise Renault.
Berceau d’industries, Boulogne-Billancourt est également une terre d’inventeurs. Ici sont nés le procédé de tannage d’Armand Seguin, la voiturette de Louis Renault à l’origine de son entreprise, la 4CV conçue en pleine clandestinité pendant la Seconde Guerre mondiale, la machine transfert, les courbes et surfaces de Bézier, l’auto-thermos ou encore le scaphandre autonome de la Société Air Liquide.
Poussée par cet essor industriel, la ville évolue et se redessine. Son architecture change, l’urbanisme se singularise. Les blanchisseries industrielles transforment radicalement le paysage : les terrains sont découpés dans la longueur, des cheminées se dressent et des sheds recouvrent les ateliers de travail. Au XXe siècle, l’entreprise Renault investit l’Île Seguin et les actuels quartiers du Trapèze et du Pont-du-Sèvres, créant une véritable ville dans la ville par le tracé de ses usines et ateliers, mais aussi les services nécessaires aux employés comme une crèche, une école de formation professionnelle, une gare de bus et même l’extension du réseau métropolitain. En 1934 est créée la station Billancourt qui devient un lieu emblématique du quotidien des salariés vivant en périphérie de Paris. C’est la première fois qu’une ligne de métro sort de Paris pour desservir une commune de banlieue.
Et la population change aussi… Les industries recrutent du personnel issu des différentes vagues d’immigration. Dans les années 1910, 1920 et 1930, elles sont largement liées aux crises économiques et politiques en Europe, Chine et Russie. L’immigration s’intensifie après la Seconde Guerre mondiale. L’entreprise Renault participe directement à cela en installant notamment des bureaux de recrutement dans les pays du Maghreb (dès la fin des années 1960) et d’Afrique subsaharienne (à partir de 1975).