Voyage
en Industries

Un parcours sonore et urbain à la découverte du patrimoine de Billancourt

La vie des travailleurs et des travailleuses dans les industries

La porte Zola constitue l’une des entrées pour le personnel, en provenance du métro. C’est par cette porte qu’on accède aux bureaux, aux ateliers et aux usines, mais aussi à l’infirmerie, aux vestiaires et aux cantines. C’est la porte d’entrée principale pour les ouvriers travaillant sur l’Île Seguin. C’est aussi devant cette porte que syndicats et militants se massent pour tracter et discuter organisation et pénibilité au travail. La distribution de tracts, devant la porte Zola ou dans les cantines, est le moyen principal d’information du personnel par les syndicats et militants.

Depuis son premier voyage aux Etats-Unis en 1911, Louis Renault observe le système de production américain et introduit progressivement les principes du taylorisme et du fordisme dans son usine de Billancourt. Mais la chaîne de montage et le chronométrage sont vivement critiqués par les ouvriers spécialisés. Au cœur de leurs contestations ? Un travail répétitif, bruyant, sans lumière naturelle et dans une chaleur parfois étouffante. Des accidents fréquents et marquants, à la fonderie de l’Atelier 62 notamment, réputé pour être un des plus durs de la Régie.

Malgré les débats et les tensions qui peuvent se développer dans les ateliers et déclencher des arrêts de travail et des grèves, il y avait la queue au bureau d’embauche de Renault : l’espoir d’y rentrer n’était pas une légende.

Les écrits de Simone Weil éclairent sur les conditions de travail à l’usine. ​​La philosophe choisit d’être embauchée chez Renault quelques mois durant les années 1934-1935 aux postes d’emballeuse et de fraiseuse pour se confronter à la réalité de la vie ouvrière. Dans son ouvrage « la Condition ouvrière », tiré notamment de cette expérience, elle critique l’aliénation du travail qui fait souffrir le corps, mais aussi l’esprit. Aujourd’hui, son travail nous permet également de comprendre la place des femmes à l’usine à cette époque.

En 1908, les femmes représentent seulement 5 % des effectifs chez Renault. Elles occupent des postes à l’atelier des tours, l’atelier de la carrosserie en série et de la tôlerie, ou encore à l’atelier du petit décolletage. Pendant la Première Guerre mondiale, elles remplacent les hommes partis au front aux commandes des machines et assurent la continuité de la production, notamment pour l’armement. C’est d’ailleurs la première fois qu’elles sont admises dans le secteur de la métallurgie. La guerre ne constitue pas une parenthèse mais plutôt un palier pour le travail des femmes en industrie. En effet, si après la guerre, ces dernières sont invitées à retourner à leurs anciennes occupations, le dynamisme des années 20 permet à certaines d’entre elles de rester dans l’industrie.

Après la Seconde Guerre mondiale, les femmes occupent différents postes mais sont peu nombreuses dans les ateliers de production. Elles travaillent principalement comme sténodactylos, magasinière, cantinières, caissière, comptable ou standardiste. Elles se qualifient elles-mêmes d’« OS de bureau » pour souligner la cadence et le travail répétitif qui conditionnent également le travail des ouvriers spécialisés des chaînes de montage.

Pour défendre les conditions de travail des salariés, les actions des militants se multiplient. En 1972, lorsqu’un groupe maoïste tracte devant l’entreprise, une bagarre éclate. Un gardien tire et tue Pierre Overney, jeune militant et ouvrier licencié de l’entreprise. Survenu à l’intersection de l’avenue Emile Zola et rue/ Yves Kermen, ce drame a marqué tous les salariés et a cristallisé de nombreuses violences dans les jours qui ont suivi.

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