Voyage
en Industries

Un parcours sonore et urbain à la découverte du patrimoine de Billancourt

Défis, expansion et stratégies

Le bâtiment Pierre Dreyfus, du nom d’un des présidents emblématiques de Renault est construit en 1922. Il est le siège de l’entreprise pendant plus de 50 ans. Symbole du passé et de l’avenir de la marque au losange, il abrite encore de nos jours certains services stratégiques du Groupe Renault.

Dans les jardins devant le bâtiment, on retrouve la reproduction d’un cabanon installé à l’origine à côté de la maison familiale Renault, toute proche. C’est là, que Louis Renault réalise ses premières recherches. En 1898, il assemble sa première voiturette à boîte de vitesses à prise directe. Le 25 décembre, à Paris, il parvient à monter la côte de la rue Lepic, au volant de cette voiturette. C’est une première ! Sa voiture est immédiatement commandée en 10 exemplaires. L’année suivante, il fonde l’Entreprise Renault Frères.

Dès le départ, Louis Renault met tout en place pour que son usine reste et grandisse à Billancourt. De 1900 à 1910, son effectif passe de 110 à 3 200 personnes, sa production de 179 à 5 100 véhicules. Billancourt compte 75 000 m² de bâtiments et 2 000 machines-outils.

De la fabrication de voitures de luxe, Renault passe à la production en série avec une commande des taxis de Paris en 1905. Ces derniers marqueront l’histoire : réquisitionnés pendant la première guerre mondiale, ils transportent près de 6 000 soldats de Paris vers les fronts de la Marne pour soutenir l’armée française en difficulté. C’est ainsi qu’ils deviennent les célèbres Taxis de la Marne.

Camions, utilitaires, autobus, matériel agricole ou industriel, Louis Renault parie sur la diversification pour répondre à toutes les demandes. Il contribue aussi à l’effort de guerre de la France en produisant des obus et des moteurs pour l’aviation, et surtout le fameux char révolutionnaire FT17 qui en quelques semaines accélère la fin du conflit.

Après la guerre, le complexe industriel de Renault à Billancourt ne cesse alors de se développer avec l’installation des chaînes de montage sur l’Île Seguin. Il devient, dans les années 1930, la plus grande usine de France.

Pendant la Seconde Guerre Mondiale, l’entreprise est contrôlée par le 3ème Reich. Au cours de ces années d’occupation, elle continue de fonctionner au profit de l’armée ennemie, mais produit également des voitures, malgré les interdictions allemandes et du gouvernement de Vichy. De leur côté, certains salariés multiplient les actions de résistance. Et, en secret, deux ingénieurs développent le prototype de la 4CV. Le 23 septembre 1944, Louis Renault est inculpé pour “commerce avec l’ennemi”. Il meurt un mois plus tard, avant son jugement. Et, aujourd’hui encore, les historiens débattent de son rôle exact sous l’occupation.

Après le décès de Louis Renault, l’entreprise familiale est nationalisée et devient la Régie Nationale. A sa tête, Pierre Lefaucheux, compagnon de la Libération. Son plan de relance vise à rendre l’automobile accessible et populaire. Son objectif : produire 300 voitures par jour. Et c’est la 4CV qui est au cœur de ce plan et deviendra un emblème populaire. Renault est alors le premier constructeur français d’automobiles et l’un des premiers d’Europe.

Pierre Lefaucheux se veut proche des ouvriers de l’Île Seguin qu’il appelle “camarades”. C’est d’ailleurs lui qui met en place le Comité d’Entreprise Renault. Il meurt accidentellement en 1955 et c’est Pierre Dreyfus qui est nommé à la tête de l’entreprise.

Sous sa direction est signé le premier accord d’entreprise. Cet accord marque un tournant de la condition ouvrière chez Renault qui s’étendra par voie législative à tous les salariés de France. On y trouve, par exemple, la troisième semaine de congés payés, le paiement des jours fériés, l’indemnisation de la maladie, des augmentations salariales ou encore la mise en place d’une retraite complémentaire.

C’est également sous le mandat de Pierre Dreyfus que la 4L est commercialisée. Il s’agit de l’automobile la plus produite en France.

Toutefois, l’usine de Billancourt n’atteint pas les performances de compétitivité des autres sites Renault comme Flins ou Cléon. La Régie Nationale réduit progressivement les activités du site dès la fin des années 1970. En 1985, George Besse est nommé PDG pour redresser l’entreprise et annonce la réduction massive des effectifs. Il est assassiné un an plus tard par un commando d’Action Directe qui rend responsable Renault des dégâts sociaux qu’ont causé les licenciements. Avec ses successeurs, l’entreprise entre ensuite de plain-pied dans la mondialisation et s’internationalise notamment à travers l’alliance avec Nissan et le rachat du constructeur automobile roumain Dacia.

Il y a eu un projet : « Billancourt 2000 », imaginé pour redynamiser le site. Il prévoyait la modernisation de l’usine et la création d’un technocentre. Mais en 1989, l’annonce tombe comme un couperet, l’usine Seguin va fermer et le technocentre sera créé à Guyancourt dans les Yvelines. L’usine de Renault Billancourt ferme en 1992, mais nombre d’activités tertiaires – dont le siège social de l’entreprise – restent ancrées dans la commune.
Si la configuration de l’usine et l’exiguïté du site ont conduit à sa fermeture, certains salariés avancent aussi d’autres raisons : Billancourt aurait, pour la direction, été un foyer trop vif de revendications.

Depuis, l’histoire industrielle de Renault se poursuit. Et si aujourd’hui c’est une firme mondiale, symbole d’innovations, elle reste indissociablement liée à Billancourt. Ce n’est donc pas un hasard si son avenir se dessine ici. Attachée à ses racines, l’entreprise a choisi d’ouvrir son siège social face à l’Île Seguin à proximité de son siège historique.

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