Au cours des siècles, l’île voit la naissance et le développement de nombreuses inventions. Pendant la Révolution française, le chimiste Armand Seguin crée et développe dans sa tannerie un nouveau procédé permettant de réduire de 3 mois à 3 semaines le temps de traitement des cuirs. Il devient ainsi le fournisseur en cuir des armées napoléoniennes… et donne aussi son nom à l’île !

Plus tard, en 1898, Louis Renault pense et construit sa première voiturette.

C’est ici aussi, en 1905, qu’on a vu le vol du premier planeur de Gabriel Voisin entre les ponts de Billancourt et de Sèvres.

Les inventions et industries se nourrissent les unes des autres : les premières projections de cinéma se font sur les draps de blanchisseries, les moteurs d’avion sont développés par les constructeurs automobiles, les ailes d’avion sont fabriquées à partir de toiles de blanchisseries, etc.

Au sein de Renault Billancourt, les innovations et inventions sont également importantes. L’usine joue un rôle déterminant dans les bouleversements technologiques du monde industriel de son temps.
En 1947, c’est la machine transfert ! L’invention de Pierre Bézier, ingénieur chez Renault, est utilisée pour la première fois pour produire la 4CV… à la chaîne ! La machine transfert permet d’automatiser la production, donc de réduire son prix et de favoriser sa diffusion en masse. Pierre Bézier est également le pionnier de la commande numérique en Europe (1958) et l’un des fondateurs, à l’échelle mondiale, de l’informatique industrielle (1966).

En 1961, c’est le lancement de la 4L ! Premier véhicule particulier à traction avant de la marque, la 4L se vend à près de 8 millions d’exemplaires dans le monde.

Chez Renault, l’expérimentation est aussi artistique. De célèbres photographes documentent la vie de l’usine. Parmi eux, Robert Doisneau passera 4 ans au sein de l’entreprise avant d’acquérir sa renommée internationale pour réaliser des campagnes publicitaires mais aussi pour capter des moments du quotidien.

Des artistes sont également invités à produire leurs œuvres dans les ateliers de l’usine en bénéficiant des machines, de l’assistance et du savoir-faire des ouvriers. Au fil des ans, 35 artistes tels que Arman, Jean Dubuffet, Jesús Rafael Soto, Takis et Jean Tinguely, sont invités à faire cohabiter art et industrie et créer des œuvres spécifiques à partir de pièces automobiles ou autres éléments industriels. En 1972, Victor Vasarely et son fils Yvaral conçoivent le nouveau logo de l’entreprise qui perdurera jusqu’en 1992. César y réalise des compressions de matière à partir de carrosseries automobiles. C’est le même César dont on observe l’œuvre d’art sur le parvis de la Seine Musicale, un immense pouce réalisé à partir d’une empreinte de l’artiste. Aujourd’hui, la collection d’œuvres d’art Renault, créée en 1967 à l’initiative de Claude Renard, cadre supérieur de Renault et amateur d’art, est régulièrement exposée dans le monde entier.

À la fermeture de Renault Billancourt en 1992, il a fallu inventer à nouveau. Cette fois, le futur de l’île. Des appels à projets sont alors lancés et une quantité de projects architecturaux et paysagers est proposée. Forteresse industrielle pendant près d’un siècle, c’est grâce à l’art et la culture que le public peut se la réapproprier. Depuis 2017, la Seine Musicale, dessinée par les architectes Shigeru Ban, lauréat du prestigieux prix Pritzker, et Jean de Gastines, s’élève sur la pointe aval. En amont de l’île, s’élance la Pointe des Arts. Un pôle notamment conçu par les catalans RCR Arquitect, Prix Pritzker eux aussi, qui rassemble la fondation d’art contemporain d’Emerige, des cinémas et un hôtel. L’Île Seguin devient ainsi le lieu de destination de la Vallée de la Culture.